Platine tourne-disques Technics SL1200 Mk I

En octobre 1972, la société Matsushita Electric, plus connue aujourd'hui sous le nom de Panasonic, lança une nouvelle platine hi-fi de gamme moyenne sous sa marque Technics. Se distinguant des platines à entraînement par courroie ou galet de l'époque, elle était équipée d'un moteur à entraînement direct sans balais à couple élevé, d'un châssis lourd amortissant les vibrations et d'un bras de lecture en forme de S de faible masse, adapté aux cartouches modernes à haute compliance de l'époque, le tout dans un boîtier compact et robuste en aluminium moulé sous pression. Ses spécifications n'étaient égalées que par la SP10, la première platine à entraînement direct au monde, introduite seulement deux ans plus tôt par la même société, une platine qui était rapidement devenue la norme pour les applications de diffusion et d'enregistrement. Cette platine était, bien sûr, la Technics SL 1200.

La série Technics 1200 est réputée pour sa vitesse incroyablement précise et stable. Son rythme implacable et son timing parfait lui confèrent un niveau d'excellence difficile à ignorer. Les notes de piano ne vacillent pas. Les notes de basse s'arrêtent et démarrent avec une précision chirurgicale. Et, plus important encore, la platine elle-même est pratiquement silencieuse.

Ce système à entraînement direct faisait tourner le plateau large et robuste à la vitesse nominale en seulement un demi-tour, avec des irrégularités de rotation minimales. Les points gravés sur le bord de la platine sont devenus un symbole de la série SL-1200. Ces caractéristiques répondaient parfaitement à la tendance et aux besoins de la culture disco/club qui émergeait aux États-Unis à cette époque. Le couple puissant et la rotation stable permettaient un calage facile et rapide des tempos et des démarrages précis, tandis que le boîtier absorbant les vibrations assurait une lecture stable dans un environnement sonore bruyant. Le pitch control était là pour contrôler les irrégularités de rotation, mais les DJs ont trouvé une manière unique de l'utiliser pour contrôler les BPM. Au départ par coïncidence, la première génération de la SL-1200 était dotée de nombreuses fonctions que les DJs recherchaient, ce qui en a rapidement fait la platine DJ de référence.

De plus, il est rapporté que c’est sur ce modèle SL1200 Mk I qu’un jeune homme nommé Grand Wizzard Theodore, dans sa chambre à New York, a mis au point la technique du scratch qui allait exploser sur la scène Hip Hop. La légende raconte qu'il jouait un disque lorsque sa mère, exaspérée, a crié pour l'appeler pour le dîner. Surpris, par réflexe, il a posé sa main sur le disque, arrêtant instantanément la lecture, jouant même un peu la chanson à l'envers. En relâchant sa main, le disque a rapidement retrouvé sa vitesse. En expérimentant un peu plus avec cette technique de stop/start et de va-et-vient, en utilisant un couvre-plateau en feutre pour faire glisser le disque plus facilement, le scratch tel que nous le connaissons était né.